Mangez-moi - Agnès Desarthe
Myriam n'a pas d'âge, mais accuse déjà une autre vie derrière elle. Une vie assez mystérieuse, un passé qu'elle préfère ne pas ressasser. Aujourd'hui, Myriam a décidé d'ouvrir un restaurant, Chez Moi, un joyeux bordel de couleurs, d'odeurs et de saveurs. Passés les débuts laborieux, Myriam va s'installer dans sa nouvelle vie, ne pouvant plus rejeter éternellement les fantômes de cogner à sa porter. Il faut faire face : fuir ou se délivrer, Myriam doit agir. Car cette femme assez fragile, marquée au vif par le sentiment brûlant de l'amour, vogue au rythme de son train-train réconfortant. Son chez-elle est un cocon douillet où on y rencontre des étudiantes en philosophie, un saint-bernard dégingandé mais indispensable, un fleuriste amoureux, des rêves hallucinatoires, une bibliothèque nomade, et des notes de musique... C'est aussi le joli monde d'Agnès Desarthe, véritable enchanteresse de la plume et conteuse merveilleuse, lectrice passionnée et qui rend hommage à ces références, comme Alice de Lewis Carroll. Le titre "Mangez-moi" y fait d'ailleurs référence : comme Alice, Myriam n'a jamais la taille qui convient, n'est jamais à la mesure de ce qu'elle entreprend. C'est le yo-yo infernal, le tournis renversant. Mais Myriam va apprendre, notamment la science curieuse de l'amour maternel. Puis de l'amour tout court. Au final, ce sixième roman d'A. Desarthe est tout bonnement enivrant, parfumé d'odeurs alléchantes, sensuel, envoûtant, féérique et chimérique. Ce livre vous ouvre l'appétit, offrez-le : succès garanti !
Extrait : "Buvez-moi" disait l'inscription sur la fiole d'Alice. La fillette a bu et, comme un télescope qui se replie, s'est sentie rétrécir. "Mangez-moi" disait une autre inscription sur le gâteau, Alice a mangé et s'est étirée, comme un bouleau. Trop petite, ou trop grande, ma vie se disproportionne et je ne suis jamais à la mesure de ce que j'entreprends. Comme j'aimerais retrouver ma taille originelle, celle qui me permettrait de me glisser dans le gant du jour et de ne m'y sentir ni au large, ni à l'étroit.
L'olivier, 24 août 2006.
(photo Olivier Roller)
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