09 septembre 2006

La nostalgie de la Villa

Pour quiconque a vécu à la Villa Médicis, la fréquentation des pins parasols relève du masochisme nostalgique, plus c'est haut, plus ça vous pince le coeur, plus ça vous donne le tournis. J'ai été une princesse pendant un an, et chaque jour j'essayais de fixer le moment, jauger ma chance, me la donner pour l'éternité, accessible, palpable. A mon retour les rêves nocturnes prirent le relais : chaque nuit était un émerveillement plus vif et plus beau encore que la réalité. Six ans que je traîne ces visions incroyables de soleil, de pavés, de ruines, de pins parasols revus et corrigés par mon talent égoïste de rêveuse. Je ne peux le partager avec personne, mais si je savais dessiner, j'en ferais des univers en 3D, à la Benoît Sokal, et vous verriez que pour la reconstitution onirique, je suis douée.

Revenir à la Villa après six ans d'absence me foutait la trouille. Ils ont été sympas, ils m'ont donné, sans le savoir, la chambre 12, celle de La Méthode Stanislavski, où Vlad enferme Ali pendant les séances de répétitions. Une chambre de 100m2, avec un plafond très haut, des frises sur le mur, des meubles historiques qui semblent échoués ça et là sur le vieux carrelage ciré. (...)

La Villa est définitivement cet endroit hors du temps, irréel, lourd et sublime, dont on ne se remet jamais. Je n'ai pas assez insisté sur cet état de choses dans le livre, ce n'était pas le sujet, mais tous ceux que j'ai connus ont tracé leur vie en fonction de leur passage ici. Pour supporter d'y avoir été et de n'y être plus. Mariages, divorces, oeuvres, voyages, naissances, et je n'échappe pas à la règle. Cette fois, j'ai voulu faire à Rome ce que je n'y avais pas fait avant, (...) . En rentrant à Nice, Jérôme a voulu revoir La Dolce Vita, il n'y a rien de doux dans La Dolce Vita, sauf peut-être le visage de la petite fille blonde à la fin, il en faut toujours une, chez Fellini, une petite fille blonde pour voir la ville avec des yeux neufs.

Extrait du Journal de Claire Legendre.

Cela fait référence à son dernier roman paru, La méthode Stanislavski, paru en Janvier 06. Il met en scène une jeune écrivain isolée à la Villa Médicis pour écrire un roman qui est inspiré d'un fait divers (celui du tueur des trains). Le roman deviendra pièce de théâtre au centre de laquelle la comédienne en titre meurt dans les mêmes circonstances que les victimes du tueur en série... Foncièrement captivant et pétillant, ce livre baignait tout entier de l'esprit de la Villa de Médicis !.. Le lire ne ferait qu'y succomber !


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