09 juillet 2006

Post mortem

Le père de Carlos Bauverd vient de mourir. Au lieu d'en éprouver du chagrin, le narrateur ressent du soulagement, de la colère et un besoin d'écrire, de comprendre et expliquer.
"Lettre à un père fasciste", sous-titre de ce "Post-mortem", contient intensément d'ironie, de rage, de mépris. Un sac de sentiments haineux pour un père qui a rejoint le mouvement fasciste et qui a soutenu toute sa vie cette doctrine, malgré la défaite, la fuite et les cachettes... Enfant, Carlos n'avait pas connaissance de la portée de ces va-et-vients. Adulte, il vilipende ce père, le rejette et fustige une attitude aberrante, aveugle et fourbe.

Du vivant de son père, Carlos Bauverd n'a jamais réussi à sortir ces mots de la bouche, alors il prend la plume et adresse cette lettre. En quasi désespoir de cause. "Jamais je n'ai pu me départir de ces sentiments ambivalents de pitié et de commisération, de rejet et d'indifférence à ton égard." Dans sa lettre, il y a l'affliction d'un fils abandonné, déçu. "Combien de fois ai-je souffert de ne pouvoir en rien m'identifier à toi, à tes actes, à tes pensées."

En plus de son père, c'est également une époque, une société qu'il vitupère. Ces petits bourgeois suisses, les natifs du début des années 1900, ceux qui faisaient "partie de ce mauvais tournant de siècle où tous ces gens si bien rataient le coche et voyaient leurs valeurs se déliter et disparaître au son du canon". Ces intellectuels, ces oisifs, cette jeunesse dorée, ces imbus d'une idéologie factice, ces toqués du cerveau...

Le ton est âpre, proche de la torture. C'est lourd, pesant. Heureusement l'auteur agrémente beaucoup son texte de références florales ! Un souffle d'air sur ce nid d'ordures, d'écoeurements et de nausée.

Phébus, 149 pages

Post-mortem, lettre à un père fasciste - Carlos Bauverd


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