Jean Paul Dubois
1. Les poissons me regardent
En personnage central, Zimmerman est un type paumé, du genre quelconque et à la vie monotone. Il est journaliste aux pages sportives, spécialiste de la boxe, pourtant il ne chavire à aucun zèle à ce sujet. Il a trente ans, il vit seul, sa mère est morte dix ans auparavant et son père a disparu dans la foulée. Il entretient une relation acrobatique avec une collègue, Rose. Mais rien ne semble l'ancrer davantage dans cette existence routinière. Jusqu'au jour où il se fait aggresser par un inconnu, qu'un colosse vient tambouriner à sa porte chaque soir, vociférant son nom et l'ordre d'ouvrir sur le champ. Ce "monstre" semble surgir du passé, comme pour rendre des comptes. Il faut en finir, pour Zimmerman. Il faut tuer le passé !
"Les poissons me regardent" semble être le cinquième roman de Jean-Paul Dubois. Comme "Kennedy et moi" (lu précédemment) l'auteur semble s'enticher du héros ordinaire décalé et dépressif, en agonie avec la vie quotidienne. Son brio à dessiner cette décadence et ce désarroi le place parmi les auteurs que j'affectionne. Avec honnêteté, toutefois, j'avoue avoir préféré "Kennedy et moi". "Les poissons me regardent" est plus amer et plus glauque, les retrouvailles de Zimmerman avec son passé sont teintées de compétitions de boxe, de courses hippiques et de beuveries gerbantes qui se concluent dans des taxis. Dubois ne sature pas, c'est impressionnant. C'est un roman bref, qui se conclue à l'arraché. Les rapports du personnage de Zimmerman illustrent une déroûte ordinaire et peuvent mettre à mal, pourtant ça se boit comme du petit lait !
Points, 192 pages
2. Kennedy et moi
Samuel Polaris est un écrivain qui n'écrit plus. Pourquoi ? il doute, mais encore ? Il a quarante-cinq ans, il est marié à une femme orthophoniste, Anna, père de trois enfants. Mais concernant ce petit noyau familial, Samuel se sent étranger, exclu, "locataire dans un hôtel". Sa vision du monde et de la société environnante est cynique, sinistre et dérisoire. Samuel tourne tout en ridicule, son inactivité, l'adultère de sa femme, son rendez-vous râté chez le dentiste... Et puis, un jour, en tête-à-tête avec son psychothérapeute, Samuel va faire "la rencontre de sa vie" ! Une montre, ayant appartenu au président Kennedy peu avant son assassinat, va réveiller chez cet homme des élans de résurrection ! Car cette montre, finalement, il la lui faut à tout prix !
En ouvrant ce livre, on peut trembler aux premières lignes de la confession de cet homme qui est complètement largué. "Hier, j'ai acheté un revolver" commence l'histoire. Le doute s'installe : l'homme serait-il suicidaire ou assassin prémédité ? Et puis le doute n'est plus permis. Jean-Paul Dubois mène la danse et son lecteur droit au but. Personnellement j'ai été instantanément sous le charme. Ma soeur pourra dire que c'est "encore un livre de déprime", et pourtant moi j'aime ça ! Pas le glauque, la morosité, etc. Mais la magie du style, la litanie de cet homme perdu, ses mésaventures médicales et cocasses, sa causticité à critiquer le Système. Même si le personnage est fondamentalement antipathique, l'auteur a su l'entourer d'un charisme fou. Samuel Polaris charme, envers et contre tout. Certes, il se regarde trop le nombril, affiche une complaisance affligeante, une indolence répugnante, mais cet homme pense, réfléchit et c'est singulièrement bien dit, bien mûri ! "Kennedy et moi" est un roman fascinant, qui se lit très vite, et qui dresse un portrait non consensuel de l'homme dans sa quarantaine ! Mais l'épouse, Anna, a aussi sa part belle et c'est bien égal !
Points, 202 pages
3. Tous les matins je me lève
On reprend dans ce roman de JP Dubois le personnage de l'écrivain dilettante dans son quotidien excentrique au coeur de sa maison, bâtie de ses propres mains, et de sa famille, son épouse Anna et leurs trois enfants. Si vous avez déjà lu "Kennedy et moi", vous aurez un certain goût de déjà-vu avec "Tous les matins je me lève". Et pourtant ce roman est paru huit ans avant l'autre ! On peut ainsi penser que "Kennedy et moi" revient, quelques années plus tard, exploiter les thèmes errants de ce présent roman ... ?
Mais les personnages ne sont pas totalement les mêmes; ici l'écrivain s'appelle Paul Ackerman. Il est sur le point de boucler son huitième roman, mais au commencement de cette histoire Ackerman est victime d'un accident de voiture. Dans la pagaille, il perd sa voiture chérie, une Karmann cabriolet. Et c'est ainsi qu'il devient propriétaire, presque dans la foulée, de l'anglaise Triumph, qui vrombit et freine capricieusement.En fait, dans "Tous les matins je me lève" Jean-Paul Dubois nous fait l'exploit de raconter les aventures d'un type totalement ordinaire : il ne se passe rien de sensationnel chez lui ! Les quelques épisodes autour d'un ou deux camarades semblent davantage agrémenter l'étoffe du roman plutôt que l'enjôliver. Ces quelques croquis sont proches de l'accessoire ! Et pourtant j'ai du mal à en vouloir à l'auteur car je me suis une nouvelle fois passionnée pour cette histoire banale d'un type quelconque. Son style me fascine et me charme littéralement. Et puis Dubois possède aussi un certain humour ironique dans sa façon de voir les adolescents, les assureurs, les groupies blondes et les chameaux ! Et puis il laisse voguer en toute allégresse son imagination farfelue, essentiellement dans les rêves d'Ackerman (qui devient champion de rugby ou de golf, ou parvient à voler) ! En bref, cet autre roman qui complète ma connaissance de JP Dubois me ravit une nouvelle fois !
Points, 212 pages
4. Si ce livre pouvait me rapprocher de toi
Un homme de quarante-six ans, Paul Peremulter, vient de divorcer et décide de quitter la ville de Toulouse pour un périple aux Etats-Unis qui le conduira au nord de l'Amérique, dans les bois québecois, sur les traces de son père, porté disparu en plein lac, il y a des années. Depuis Miami à La Tuque, le parcours de cet homme est cocasse, humble et fouille des sentiments profondément ancrés depuis la perte de son père, Fulbert. Car bien sûr, Paul va recevoir un bien étrange héritage de cet homme que, finalement, son entourage connaissait très peu !
Des romans de Jean-Paul Dubois, c'est personnellement celui que j'ai le moins apprécié. "Si ce livre pouvait me rapprocher de toi" emprunte des nouveaux sentiers et semble inscrire l'auteur comme un "écrivain américain". L'amour des espaces immenses, des bois, des lacs, de la pêche... J'ai, pour ma part, éprouvé moins d'attrait pour l'itinéraire de ce quadragénaire. Il décide un matin de "changer de vie" mais c'est monotone. Sauf pour les amoureux des histoires "naturelles".Quand un fils part sur les pas de son père, il s'aventure à ouvrir des boîtes de Pandore. La boucle sera-t-elle bouclée en bout de parcours ? On lui souhaite, du moins je m'attendais à davantage de recherches cyniques, d'humour et de dérision, propres au style de l'auteur. Mais c'est clair que ce roman est complètement différent des autres, mais moi je n'y suis pas sensible.
Points, 210 pages
5. La vie me fait peur
C'est le cinquième roman de Jean-Paul Dubois que je lis presque d'affilée et j'accuse une nouvelle déception, après "Si ce livre pouvait me rapprocher de toi". "La vie me fait peur" remplit les mêmes lignes de contrat qu'un bon roman populaire, où l'on suit la saga de la famille Siegelman. Des pionniers en matière de caravaning et tondeuses ! Cette histoire, donc, se passe essentiellement lors du vol France - Miami où est confiné Paul, quadragénaire fraîchement licencié par sa propre épouse ! Ce voyage, en fait, il l'entreprend un peu pour se blottir "sous les jupes" de son père, exilé dans le Sud des Etats-Unis pour une retraite dorée. Histoire de se plaindre d'une telle traitrise, de la débâcle de l'entreprise familiale, d'un égarement d'un homme paumé, largué par la vie depuis de nombreuses décennies !
Au fil des chapitres, un peu comme le décompte des heures, de l'avion qui glisse dans le ciel au-dessus des contrées américaines, Paul fait un bilan de vie guère potable, souvent teinté du souvenir ému d'une mère exceptionnelle et d'un père exubérant et follement dynamique. Son adolescence, sa crise de la vingtaine, son mariage avec Vivien, ses tentatives professionnelles... Paul ne tente jamais de sauver sa peau, il se livre à nu. Toutefois, en tant que lectrice nouvellement passionnée par l'écrivain Dubois, j'avoue que cette contemplation d'un homme ordinaire, en guerre avec lui-même, est lassante et complaisante. Je ne m'y suis pas sentie embarquée, un peu touchée, mais les longs exposés autour de l'industrie de la tondeuse ont fini de me laisser sur le bas côté !... Est-ce un signe que je devrais prendre un peu de recul avec cet auteur, que j'affectionne, et qui demeure pour moi un très bon romancier ?...
Points, 236 pages
6. Je pense à autre chose
Paul Klein se trouve à Jérusalem, interné dans un hôpital psychiatrique. Comment, pourquoi ? Ses confidences sur papier vont ouvrir la porte à un secret de famille. Paul se croit l'otage de son frère jumeau, Simon. Jusqu'alors, la vie de Paul était limpide, cahotique, mais simple. Il a été marié à Anna, avec deux enfants, il était spécialiste en météorologie, menait une petite vie idyllique près de Toulouse. Puis il est parti à la conquête de Montréal, aux trousses d'une chasseuse d'ouragans. D'un autre côté, Simon, son frère, semble l'avoir toujours jalousé, du moins lui a toujours reproché d'avoir renié ses origines juives. La brouille entre les jumeaux va durer des années, aidée par l'exil de Simon à Jérusalem, pour un même internement.Alors ?.. Que s'est-il passé dans l'existence de Paul Klein pour être tombé si bas ?
Autour du personnage de Paul Klein, on s'attache à une kyrielle de caractères secondaires, qui sont autant d'éléments nécessaires au portrait du héros et de son histoire ! La relation entre Paul et son frère, ou Paul et les deux femmes de sa vie, et même Paul et son beau-père, est à chaque fois maîtrisée, aiguisée, jamais tirée à gros traits, tantôt cynique, cruelle ou malicieuse. Dubois est au plus juste ! Poilant, honnête, touchant et captivant !Dans "Je pense à autre chose", on retrouve (pour ma part) du bon, du vrai, du grand Jean-Paul Dubois ! Comme j'ai aimé dans des romans comme "Kennedy et moi". Une nouvelle fois l'auteur s'attache à la formule payante de chapitres courts et incisifs, et à une saga familiale teintée de suspense et d'humour. C'est tout bon, j'ai dévoré !
Points, 266 pages
7. Une année sous silence
A l'opposé des avis négatifs lus sur ce roman, j'admets y avoir personnellement trouvé beaucoup d'humour et de cocasserie. En lisant l'ensemble des livres de Jean Paul Dubois, je m'aperçois des similitudes entre eux, notamment le personnage de Paul (ici, Miller). Ce quadragénaire avait une épouse (Anna), silencieuse et pleine d'acrimonie, mais il devient veuf suite à l'incendie volontaire d'Anna dans leur maison. Loin d'éprouver chagrin ou remords, Paul va vivre dans un petit appartement où il y rencontre des voisins détonnants : les soeurs Niemi, un vieux médecin solitaire et un prêtre lubrique. Il exerce aussi des petits boulots (distribuer des journaux ou tondre des pelouses). En bref, la vie de cet homme est des plus sordides, lamentables mais drôle !
Car face à tant de débandade et de dérision, Paul ne se démonte pas et livre au lecteur ses pensées les plus abracadabrantes. D'Anna, il reconnaît qu'elle est "une folle" qui lui a bousillé son semblant de vie. De ses fils, ce sont tour à tour des anguilles, des blattes et des orphelins ! Paul est insensible, cynique et tourmente ses voisins (un peu). Son machiavélisme avec le prêtre Joseph Winogradov est une ingéniosité en rouerie et perversité. Personnellement, j'en ris !
Pour le reste, on peut reprocher à l'histoire d'être glauque et plombante. Pourtant, j'aimerais qu'on fasse le tri dans le portrait de cet homme : ses fantasmes, ses obsessions ou sa vengeance sur "la folle" révèlent un personnage sarcastique et débonnaire, conscient de ses faiblesses, inapte d'accomplir le moindre mal. "Je suis fatigué de toutes ses luttes improductives. Je ne possède pas la fureur et les vertus d'Anna. Je ne vais pas au bout des choses. Je n'aurais jamais été capable d'être bourreau. Je peux tourmenter une âme, je suis incapable de couper une tête." Toutefois, il réussira à garder le silence, jusqu'au bout ! Prêt à rendre chèvre son psychiatre, ses voisins ou ses fils. Paul se régale, seul, dans sa tête, même la toute dernière phrase tire le sourire. Alors donc, moi j'ai honnêtement savouré ce roman ! Derrière le malheur, se cache autre chose, je trouve.
Points, 184 pages
En personnage central, Zimmerman est un type paumé, du genre quelconque et à la vie monotone. Il est journaliste aux pages sportives, spécialiste de la boxe, pourtant il ne chavire à aucun zèle à ce sujet. Il a trente ans, il vit seul, sa mère est morte dix ans auparavant et son père a disparu dans la foulée. Il entretient une relation acrobatique avec une collègue, Rose. Mais rien ne semble l'ancrer davantage dans cette existence routinière. Jusqu'au jour où il se fait aggresser par un inconnu, qu'un colosse vient tambouriner à sa porte chaque soir, vociférant son nom et l'ordre d'ouvrir sur le champ. Ce "monstre" semble surgir du passé, comme pour rendre des comptes. Il faut en finir, pour Zimmerman. Il faut tuer le passé !
"Les poissons me regardent" semble être le cinquième roman de Jean-Paul Dubois. Comme "Kennedy et moi" (lu précédemment) l'auteur semble s'enticher du héros ordinaire décalé et dépressif, en agonie avec la vie quotidienne. Son brio à dessiner cette décadence et ce désarroi le place parmi les auteurs que j'affectionne. Avec honnêteté, toutefois, j'avoue avoir préféré "Kennedy et moi". "Les poissons me regardent" est plus amer et plus glauque, les retrouvailles de Zimmerman avec son passé sont teintées de compétitions de boxe, de courses hippiques et de beuveries gerbantes qui se concluent dans des taxis. Dubois ne sature pas, c'est impressionnant. C'est un roman bref, qui se conclue à l'arraché. Les rapports du personnage de Zimmerman illustrent une déroûte ordinaire et peuvent mettre à mal, pourtant ça se boit comme du petit lait !
Points, 192 pages
2. Kennedy et moi
Samuel Polaris est un écrivain qui n'écrit plus. Pourquoi ? il doute, mais encore ? Il a quarante-cinq ans, il est marié à une femme orthophoniste, Anna, père de trois enfants. Mais concernant ce petit noyau familial, Samuel se sent étranger, exclu, "locataire dans un hôtel". Sa vision du monde et de la société environnante est cynique, sinistre et dérisoire. Samuel tourne tout en ridicule, son inactivité, l'adultère de sa femme, son rendez-vous râté chez le dentiste... Et puis, un jour, en tête-à-tête avec son psychothérapeute, Samuel va faire "la rencontre de sa vie" ! Une montre, ayant appartenu au président Kennedy peu avant son assassinat, va réveiller chez cet homme des élans de résurrection ! Car cette montre, finalement, il la lui faut à tout prix !
En ouvrant ce livre, on peut trembler aux premières lignes de la confession de cet homme qui est complètement largué. "Hier, j'ai acheté un revolver" commence l'histoire. Le doute s'installe : l'homme serait-il suicidaire ou assassin prémédité ? Et puis le doute n'est plus permis. Jean-Paul Dubois mène la danse et son lecteur droit au but. Personnellement j'ai été instantanément sous le charme. Ma soeur pourra dire que c'est "encore un livre de déprime", et pourtant moi j'aime ça ! Pas le glauque, la morosité, etc. Mais la magie du style, la litanie de cet homme perdu, ses mésaventures médicales et cocasses, sa causticité à critiquer le Système. Même si le personnage est fondamentalement antipathique, l'auteur a su l'entourer d'un charisme fou. Samuel Polaris charme, envers et contre tout. Certes, il se regarde trop le nombril, affiche une complaisance affligeante, une indolence répugnante, mais cet homme pense, réfléchit et c'est singulièrement bien dit, bien mûri ! "Kennedy et moi" est un roman fascinant, qui se lit très vite, et qui dresse un portrait non consensuel de l'homme dans sa quarantaine ! Mais l'épouse, Anna, a aussi sa part belle et c'est bien égal !
Points, 202 pages
3. Tous les matins je me lève
On reprend dans ce roman de JP Dubois le personnage de l'écrivain dilettante dans son quotidien excentrique au coeur de sa maison, bâtie de ses propres mains, et de sa famille, son épouse Anna et leurs trois enfants. Si vous avez déjà lu "Kennedy et moi", vous aurez un certain goût de déjà-vu avec "Tous les matins je me lève". Et pourtant ce roman est paru huit ans avant l'autre ! On peut ainsi penser que "Kennedy et moi" revient, quelques années plus tard, exploiter les thèmes errants de ce présent roman ... ?
Mais les personnages ne sont pas totalement les mêmes; ici l'écrivain s'appelle Paul Ackerman. Il est sur le point de boucler son huitième roman, mais au commencement de cette histoire Ackerman est victime d'un accident de voiture. Dans la pagaille, il perd sa voiture chérie, une Karmann cabriolet. Et c'est ainsi qu'il devient propriétaire, presque dans la foulée, de l'anglaise Triumph, qui vrombit et freine capricieusement.En fait, dans "Tous les matins je me lève" Jean-Paul Dubois nous fait l'exploit de raconter les aventures d'un type totalement ordinaire : il ne se passe rien de sensationnel chez lui ! Les quelques épisodes autour d'un ou deux camarades semblent davantage agrémenter l'étoffe du roman plutôt que l'enjôliver. Ces quelques croquis sont proches de l'accessoire ! Et pourtant j'ai du mal à en vouloir à l'auteur car je me suis une nouvelle fois passionnée pour cette histoire banale d'un type quelconque. Son style me fascine et me charme littéralement. Et puis Dubois possède aussi un certain humour ironique dans sa façon de voir les adolescents, les assureurs, les groupies blondes et les chameaux ! Et puis il laisse voguer en toute allégresse son imagination farfelue, essentiellement dans les rêves d'Ackerman (qui devient champion de rugby ou de golf, ou parvient à voler) ! En bref, cet autre roman qui complète ma connaissance de JP Dubois me ravit une nouvelle fois !
Points, 212 pages
4. Si ce livre pouvait me rapprocher de toi
Un homme de quarante-six ans, Paul Peremulter, vient de divorcer et décide de quitter la ville de Toulouse pour un périple aux Etats-Unis qui le conduira au nord de l'Amérique, dans les bois québecois, sur les traces de son père, porté disparu en plein lac, il y a des années. Depuis Miami à La Tuque, le parcours de cet homme est cocasse, humble et fouille des sentiments profondément ancrés depuis la perte de son père, Fulbert. Car bien sûr, Paul va recevoir un bien étrange héritage de cet homme que, finalement, son entourage connaissait très peu !
Des romans de Jean-Paul Dubois, c'est personnellement celui que j'ai le moins apprécié. "Si ce livre pouvait me rapprocher de toi" emprunte des nouveaux sentiers et semble inscrire l'auteur comme un "écrivain américain". L'amour des espaces immenses, des bois, des lacs, de la pêche... J'ai, pour ma part, éprouvé moins d'attrait pour l'itinéraire de ce quadragénaire. Il décide un matin de "changer de vie" mais c'est monotone. Sauf pour les amoureux des histoires "naturelles".Quand un fils part sur les pas de son père, il s'aventure à ouvrir des boîtes de Pandore. La boucle sera-t-elle bouclée en bout de parcours ? On lui souhaite, du moins je m'attendais à davantage de recherches cyniques, d'humour et de dérision, propres au style de l'auteur. Mais c'est clair que ce roman est complètement différent des autres, mais moi je n'y suis pas sensible.
Points, 210 pages
5. La vie me fait peur
C'est le cinquième roman de Jean-Paul Dubois que je lis presque d'affilée et j'accuse une nouvelle déception, après "Si ce livre pouvait me rapprocher de toi". "La vie me fait peur" remplit les mêmes lignes de contrat qu'un bon roman populaire, où l'on suit la saga de la famille Siegelman. Des pionniers en matière de caravaning et tondeuses ! Cette histoire, donc, se passe essentiellement lors du vol France - Miami où est confiné Paul, quadragénaire fraîchement licencié par sa propre épouse ! Ce voyage, en fait, il l'entreprend un peu pour se blottir "sous les jupes" de son père, exilé dans le Sud des Etats-Unis pour une retraite dorée. Histoire de se plaindre d'une telle traitrise, de la débâcle de l'entreprise familiale, d'un égarement d'un homme paumé, largué par la vie depuis de nombreuses décennies !
Au fil des chapitres, un peu comme le décompte des heures, de l'avion qui glisse dans le ciel au-dessus des contrées américaines, Paul fait un bilan de vie guère potable, souvent teinté du souvenir ému d'une mère exceptionnelle et d'un père exubérant et follement dynamique. Son adolescence, sa crise de la vingtaine, son mariage avec Vivien, ses tentatives professionnelles... Paul ne tente jamais de sauver sa peau, il se livre à nu. Toutefois, en tant que lectrice nouvellement passionnée par l'écrivain Dubois, j'avoue que cette contemplation d'un homme ordinaire, en guerre avec lui-même, est lassante et complaisante. Je ne m'y suis pas sentie embarquée, un peu touchée, mais les longs exposés autour de l'industrie de la tondeuse ont fini de me laisser sur le bas côté !... Est-ce un signe que je devrais prendre un peu de recul avec cet auteur, que j'affectionne, et qui demeure pour moi un très bon romancier ?...
Points, 236 pages
6. Je pense à autre chose
Paul Klein se trouve à Jérusalem, interné dans un hôpital psychiatrique. Comment, pourquoi ? Ses confidences sur papier vont ouvrir la porte à un secret de famille. Paul se croit l'otage de son frère jumeau, Simon. Jusqu'alors, la vie de Paul était limpide, cahotique, mais simple. Il a été marié à Anna, avec deux enfants, il était spécialiste en météorologie, menait une petite vie idyllique près de Toulouse. Puis il est parti à la conquête de Montréal, aux trousses d'une chasseuse d'ouragans. D'un autre côté, Simon, son frère, semble l'avoir toujours jalousé, du moins lui a toujours reproché d'avoir renié ses origines juives. La brouille entre les jumeaux va durer des années, aidée par l'exil de Simon à Jérusalem, pour un même internement.Alors ?.. Que s'est-il passé dans l'existence de Paul Klein pour être tombé si bas ?
Autour du personnage de Paul Klein, on s'attache à une kyrielle de caractères secondaires, qui sont autant d'éléments nécessaires au portrait du héros et de son histoire ! La relation entre Paul et son frère, ou Paul et les deux femmes de sa vie, et même Paul et son beau-père, est à chaque fois maîtrisée, aiguisée, jamais tirée à gros traits, tantôt cynique, cruelle ou malicieuse. Dubois est au plus juste ! Poilant, honnête, touchant et captivant !Dans "Je pense à autre chose", on retrouve (pour ma part) du bon, du vrai, du grand Jean-Paul Dubois ! Comme j'ai aimé dans des romans comme "Kennedy et moi". Une nouvelle fois l'auteur s'attache à la formule payante de chapitres courts et incisifs, et à une saga familiale teintée de suspense et d'humour. C'est tout bon, j'ai dévoré !
Points, 266 pages
7. Une année sous silence
A l'opposé des avis négatifs lus sur ce roman, j'admets y avoir personnellement trouvé beaucoup d'humour et de cocasserie. En lisant l'ensemble des livres de Jean Paul Dubois, je m'aperçois des similitudes entre eux, notamment le personnage de Paul (ici, Miller). Ce quadragénaire avait une épouse (Anna), silencieuse et pleine d'acrimonie, mais il devient veuf suite à l'incendie volontaire d'Anna dans leur maison. Loin d'éprouver chagrin ou remords, Paul va vivre dans un petit appartement où il y rencontre des voisins détonnants : les soeurs Niemi, un vieux médecin solitaire et un prêtre lubrique. Il exerce aussi des petits boulots (distribuer des journaux ou tondre des pelouses). En bref, la vie de cet homme est des plus sordides, lamentables mais drôle !
Car face à tant de débandade et de dérision, Paul ne se démonte pas et livre au lecteur ses pensées les plus abracadabrantes. D'Anna, il reconnaît qu'elle est "une folle" qui lui a bousillé son semblant de vie. De ses fils, ce sont tour à tour des anguilles, des blattes et des orphelins ! Paul est insensible, cynique et tourmente ses voisins (un peu). Son machiavélisme avec le prêtre Joseph Winogradov est une ingéniosité en rouerie et perversité. Personnellement, j'en ris !
Pour le reste, on peut reprocher à l'histoire d'être glauque et plombante. Pourtant, j'aimerais qu'on fasse le tri dans le portrait de cet homme : ses fantasmes, ses obsessions ou sa vengeance sur "la folle" révèlent un personnage sarcastique et débonnaire, conscient de ses faiblesses, inapte d'accomplir le moindre mal. "Je suis fatigué de toutes ses luttes improductives. Je ne possède pas la fureur et les vertus d'Anna. Je ne vais pas au bout des choses. Je n'aurais jamais été capable d'être bourreau. Je peux tourmenter une âme, je suis incapable de couper une tête." Toutefois, il réussira à garder le silence, jusqu'au bout ! Prêt à rendre chèvre son psychiatre, ses voisins ou ses fils. Paul se régale, seul, dans sa tête, même la toute dernière phrase tire le sourire. Alors donc, moi j'ai honnêtement savouré ce roman ! Derrière le malheur, se cache autre chose, je trouve.
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