11 juillet 2006

La lectrice

Le roman débutait de manière charmante, un peu désuète, quand une jeune femme de trente-quatre ans, Marie-Constance, se propose de devenir "lectrice à domicile". En tout bien, tout honneur. Elle est mariée à un homme charmant, se dit heureuse en ménage, mais souhaite juste combler le vide de son existence. Travailler, donc. Et combiner sa passion de la lecture à d'autres. On dit d'elle qu'elle a une voix extraordinaire, claire, très prononcée et vibrante. Mais d'une noble intention, la jeune femme va glisser vers la perversion. Il semblerait qu'une annonce rédigée de la manière la plus courtoise et la plus humble possible attire les esprits les plus retors ! Marie-Constance a son petit succès, trois clients fidèles : un garçon de quatorze ans, paralysé, une vieille comtesse hongroise, aveugle, et un Pdg surbooké. Le plaisir des mots, le plaisir du son... n'est-ce que ça ? Des travers vont percer, placer la narratrice en délicates postures (porter une courte robe, dévoiler ses genoux, lire Marx, se retrouver dans un lit...) ! En fait, Marie-Constance perd très vite tout son charme aux yeux du lecteur. Pour ma part, je l'ai trouvée assez effrontée, nigaude et quasi sainte-nitouche. Sous prétexte de ne pas savoir dire non, elle se place en fâcheuses postures, mais après tout, c'est "sa modeste rétribution". Franchement grotesque ! Au début, j'étais séduite - les extraits de Maupassant, Zola, Baudelaire ou Claude Simon tombaient à point nommé. Ensuite j'étais gavée - l'érotisme entrait en phase volcanique, mais plus proche du delirium tremens ! C'est du n'importe quoi, j'ai pensé. A croire que le monde est fatalement vicieux, pervers et dépravé et la Marie-Constance est une tête-à-claques dans cet échiquier luxurieux !

La lectrice - Raymond Jean


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