11 juillet 2006

Les promis - Eun Ja Kang

Eun-Ja Kang, l'auteur, est d'origine coréenne mais réside en France depuis douze ans, avec un doctorat en littérature française en poche ! Du coup, elle écrit en français et "Les promis" est déjà son deuxième roman. Au début, ça ressemble à un conte où Yuki et Takahito sont tous deux promis selon le souhait de leurs pères respectifs, histoire de sceller une amitié vieille de quinze ans. Promis au mariage avant même de naître ! Mais les deux enfants, en grandissant, vont révéler des différences que les voeux sacrés des parents n'avaient pas envisagées. Takahito est un garçon au caractère obtus et exclusif, Yuki réclame davantage de liberté et d'insouciance. Le temps passant, les deux jeunes gens vont fêter leurs fiançailles, savourer l'amour naissant, Takahito s'engage deux ans dans la marine et Yuki va intégrer les associations étudiantes de son université. Car au même moment, dans les années 20, le Japon voit sa société bouleversée : tournant le dos aux valeurs nippones, accueillant les commerces internationaux, avant de les bouder suite au crash boursier de 29 et s'enfermer vers un militarisme inquiétant pour la famille de Yuki... Les deux promis, finalement, vont prendre des chemins séparés.

Sans trop vouloir dévoiler de l'intrigue, que la quatrième de couverture dénonce beaucoup à mon avis, la lecture du roman d'Eun-Ja Kang est assez palpitante. Conte ou frasque romanesque, "Les promis" oscille entre les deux. C'est une histoire finalement palpitante, mais trop emplis de clichés romanesques à mon goût. Certains passages m'ont paru trop mielleux, c'est juste un peu dommage. L'ensemble aurait pu être davantage captivant si l'auteur avait brodé autour de la culture nippone faite de pudeur, de sobriété et de respect des traditions et qui s'ouvre à l'occident en 1920. Elle préfère mettre l'accent sur le caractère trop romanesque de la jeune Yuki, belle, intelligente et passionnée. Par contre, elle a su dépeindre magnifiquement l'alliance entre les promis, les travers, les failles, les émotions naissantes et les trahisons. Donc, un roman avec des hauts et des bas, pas mauvais, agréable et qui ravira les lecteurs avides de belles sensations romanesques - un terme que je répète beaucoup, mais il demeure l'impression générale après coup.

Fayard, 262 pages


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