Olivier Adam
1. Poids léger
Dans "Poids léger", Antoine, le narrateur, est un paumé de première classe : au bout du rouleau, à bout de nerfs, à fleur de peau, pour ne pas dire au bord de la dépression. Antoine vit dans un présent qui ne lui donne plus du tout le moral et l'abat de jour en jour. Lui se souvient avec douleur des jours heureux avec ses parents et sa soeur qu'il a adorée. Aujourd'hui, ses parents sont décédés, il doit d'ailleurs vider la maison du père avant la remise des clefs aux nouveaux propriétaires, il vivote auprès d'une société de pompes funèbres et broie du noir à enterrer des inconnus. Sa soeur s'éloigne de plus en plus. Lui se défoule à la boxe. Et la tension du roman va crescendo : on accompagne Antoine au plus profond de son désarroi, on assiste à sa débâcle et on aimerait qu'il s'en sorte, mais bon ...C'est encore un très bon livre, que voilà. L'auteur m'enchante, livre après livre. Jamais déçue. Tout le temps bouleversée. J'apprécie toute la poigne que dégage son écriture, son coup de griffe et ses coups au coeur. Du bon boulot !
Points, 144 pages.
Avec lecture du Chapitre 1 ICI
2. Falaises
C'est le vingtième anniversaire de la mort de sa mère. Olivier, narrateur de cette triste histoire, passe la nuit sur le balcon d'une chambre d'hôtel à Etretat. Face aux falaises, il ressasse ses êtres perdus auxquels il s'est attaché toute sa vie. Pourquoi aujourd'hui lui est toujours en vie, même si parfois il était plus proche d'être "mort vivant" ?.. Peut-être son amour pour sa femme Claire et leur petite fille Chloé. Mais à bien y repenser, sa mère, son frère ou ses petites copines avaient matière à s'attacher à quelqu'un, lui en l'occurence, mais cela ne les a pas empêchés, les uns et les autres, de lâcher prise et de tout quitter. Aussi, à partir du souvenir de cette mère qui se jette depuis les falaises d'Etretat, Olivier tente de reconstruire ses souvenirs, plus sous forme de "moments volés, d'irruptions". Car toute son histoire, finalement, n'est qu'une suite de polaroïds - des bouts d'enfance, d'adolescence et d'apprentissage d'une vie trop tôt saccagée.Alors que je m'habitue au style écorché d'Olivier Adam, je suis très touchée par ce roman. "Falaises" est semblable et différent du reste, se met-il en scène dans celui-ci ? J'ai ce sentiment troublant qui n'a cessé d'enfler. Du moins, l'ambiguité est omniprésente et cela trouble la lecture. On s'y attache différemment, l'oeil plus ému de deviner un puzzle qui se constitue et façonne une existence mélancolique et ravagée. Beaucoup de disparitions, de pertes, de larmes et de chagrins qui se noient dans l'alcool... Aussi, Olivier Adam réexploite quelques pistes déjà parues dans ses romans pour la jeunesse : la perte d'un ami au sein du groupe ("la messe anniversaire"), Lorette l'adolescente mal dans sa peau ("on ira voir la mer"), et la maman dépressive qui part seule la nuit caresser les arbres ("sous la pluie"). Finalement, ce roman c'est une peau de chagrin - à la fois dépouillé, transparent mais quelle tristesse ! Et quand le narrateur affirme "je n'ai pas d'enfance" et que tout est "logé ailleurs", le coeur s'emballe et puis je suis soulagée par l'issue du récit. Toutefois j'attribue un point en moins pour le chapitre avant la fin, celui de son passage sous les toits de Paris. Je n'ai pas trop aimé, ça ne s'explique pas. Mais au-delà je me suis plongée dans une lecture désespérante mais attachante, triste mais belle. L'auteur a ce talent et ça me plaît.
Extrait :" J'ai trente et un ans et ma vie commence. Je n'ai pas d'enfance et, désormais, n'importe laquelle me conviendra. Ma mère est morte et tous les miens s'en sont allés. La vie m'a fait une table rase où Claire et moi nous nous asseyons, où Chloé s'est invitée, un sourire très doux au coin des lèvres.J'ai tente et un ans et ma vie commence ainsi, perdue dans la nuit maritime. Derrière moi, à peine plus concrètes que des ombres, moins denses qu'un peu de fumée, Claire et Chloé me regardent, la plus petite au creux des bras de la plus grande, toutes deux figées dans le silence de la chambre d'hôtel. Claire me sourit puis se rendort, et leurs respirations se confondent. "
L'olivier, 206 pages
Dans "Poids léger", Antoine, le narrateur, est un paumé de première classe : au bout du rouleau, à bout de nerfs, à fleur de peau, pour ne pas dire au bord de la dépression. Antoine vit dans un présent qui ne lui donne plus du tout le moral et l'abat de jour en jour. Lui se souvient avec douleur des jours heureux avec ses parents et sa soeur qu'il a adorée. Aujourd'hui, ses parents sont décédés, il doit d'ailleurs vider la maison du père avant la remise des clefs aux nouveaux propriétaires, il vivote auprès d'une société de pompes funèbres et broie du noir à enterrer des inconnus. Sa soeur s'éloigne de plus en plus. Lui se défoule à la boxe. Et la tension du roman va crescendo : on accompagne Antoine au plus profond de son désarroi, on assiste à sa débâcle et on aimerait qu'il s'en sorte, mais bon ...C'est encore un très bon livre, que voilà. L'auteur m'enchante, livre après livre. Jamais déçue. Tout le temps bouleversée. J'apprécie toute la poigne que dégage son écriture, son coup de griffe et ses coups au coeur. Du bon boulot !
Points, 144 pages.
Avec lecture du Chapitre 1 ICI
2. Falaises
C'est le vingtième anniversaire de la mort de sa mère. Olivier, narrateur de cette triste histoire, passe la nuit sur le balcon d'une chambre d'hôtel à Etretat. Face aux falaises, il ressasse ses êtres perdus auxquels il s'est attaché toute sa vie. Pourquoi aujourd'hui lui est toujours en vie, même si parfois il était plus proche d'être "mort vivant" ?.. Peut-être son amour pour sa femme Claire et leur petite fille Chloé. Mais à bien y repenser, sa mère, son frère ou ses petites copines avaient matière à s'attacher à quelqu'un, lui en l'occurence, mais cela ne les a pas empêchés, les uns et les autres, de lâcher prise et de tout quitter. Aussi, à partir du souvenir de cette mère qui se jette depuis les falaises d'Etretat, Olivier tente de reconstruire ses souvenirs, plus sous forme de "moments volés, d'irruptions". Car toute son histoire, finalement, n'est qu'une suite de polaroïds - des bouts d'enfance, d'adolescence et d'apprentissage d'une vie trop tôt saccagée.Alors que je m'habitue au style écorché d'Olivier Adam, je suis très touchée par ce roman. "Falaises" est semblable et différent du reste, se met-il en scène dans celui-ci ? J'ai ce sentiment troublant qui n'a cessé d'enfler. Du moins, l'ambiguité est omniprésente et cela trouble la lecture. On s'y attache différemment, l'oeil plus ému de deviner un puzzle qui se constitue et façonne une existence mélancolique et ravagée. Beaucoup de disparitions, de pertes, de larmes et de chagrins qui se noient dans l'alcool... Aussi, Olivier Adam réexploite quelques pistes déjà parues dans ses romans pour la jeunesse : la perte d'un ami au sein du groupe ("la messe anniversaire"), Lorette l'adolescente mal dans sa peau ("on ira voir la mer"), et la maman dépressive qui part seule la nuit caresser les arbres ("sous la pluie"). Finalement, ce roman c'est une peau de chagrin - à la fois dépouillé, transparent mais quelle tristesse ! Et quand le narrateur affirme "je n'ai pas d'enfance" et que tout est "logé ailleurs", le coeur s'emballe et puis je suis soulagée par l'issue du récit. Toutefois j'attribue un point en moins pour le chapitre avant la fin, celui de son passage sous les toits de Paris. Je n'ai pas trop aimé, ça ne s'explique pas. Mais au-delà je me suis plongée dans une lecture désespérante mais attachante, triste mais belle. L'auteur a ce talent et ça me plaît.
Extrait :" J'ai trente et un ans et ma vie commence. Je n'ai pas d'enfance et, désormais, n'importe laquelle me conviendra. Ma mère est morte et tous les miens s'en sont allés. La vie m'a fait une table rase où Claire et moi nous nous asseyons, où Chloé s'est invitée, un sourire très doux au coin des lèvres.J'ai tente et un ans et ma vie commence ainsi, perdue dans la nuit maritime. Derrière moi, à peine plus concrètes que des ombres, moins denses qu'un peu de fumée, Claire et Chloé me regardent, la plus petite au creux des bras de la plus grande, toutes deux figées dans le silence de la chambre d'hôtel. Claire me sourit puis se rendort, et leurs respirations se confondent. "
L'olivier, 206 pages
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