11 juillet 2006

L'une est l'autre - Daniel Sada

Pour l'histoire, rien de sensationnel : Gloria et Concepcion, "des calques effrayants", entretiennent l'illusion d'une seule et unique fiancée, "celle de ses rêves", à un pauvre diable de ranchero carrément niais ! Moi j'ai surtout beaucoup apprécié la présentation des personnages, je ne sais pas si le terme "loufoque" convient le mieux, mais j'apprécie la volonté d'humour, de dérision et d'ironie dans le texte. Le narrateur s'amuse, il n'a pas sa langue dans sa poche, il se permet d'intervenir, de présenter la situation, de s'accaparer les protagonistes et les mettre sous son aile. Il est à la fois tendre et moqueur ! C'est clair que le personnage d'Oscar offre à l'auteur un véritable défouloir : c'est le comble de la goguenardise par excellence ! Le type hâbleur, "parfumé jusqu'à la nausée, costumé de vert et la raie partageant le crâne" !!! On voit d'ici la scène ! On se tord de rire.

Bah oui, j'ai beaucoup ricané à la lecture de "L'une est l'autre". J'ai trouvé une fraîcheur et une tonalité pétillante, certes le texte s'agrémente de quelques lourdeurs gonflantes, notamment une entrée en matière un peu longuette et rasante. Mais cette histoire est perfide à souhait, je pense que c'est ce qui m'a enthousiamée. Il y a d'abord le couple des soeurs, des conspiratrices en mal de sensations amoureuses, l'une double l'autre, et l'autre endort son double pour mieux atteindre l'harmonie entre elles. J'ai notamment aimé les résumer à "l'argutie féminine" - subtiles et pleines de finesse ! Un autre personnage très attachant : la tante ! Elle les pousse à se trouver un mari et les inonde de lettres, dont l'une d'elles porte en gros cette exclamation : "Mariez-vous sans délai, espèces de demeurées" ! La palme d'or pourrait revenir au prétendant, Oscar, qui offre au lecteur une perle en formule ampoulée pour la demande en mariage : " Je vous demande votre main pour cheminer ensemble vers l'autel ". En bref, beaucoup de cocasserie, de burlesque et de gouaillerie dans ce livre ! J'ai passé un agréable moment.

Les allusifs, 120 pages


My PlayList
BestAudioCodes.com