Quand l'empereur était un dieu - Julie Otsuka
En 1942, peu après l'attaque à Pearl Harbor, les Américains d'origine japonaise ont été interpellés, soupçonnés de déloyauté et parqués dans des camps pour les "surveiller". A Berkeley, une femme découvre l'avis d'évacuation n°19 - aussitôt elle rentre chez elle pour mettre sous cadenas tous ses maigres "trésors" et fait ses valises. Avec ses deux enfants, ils partent dès le lendemain vers une destination inconnue, qui sera le désert d'Utah où a été aménagé un camp avec des baraques au toit goudronné, encadré par des fils barbelés. Cette mesure, de la part des autorités américaines, reste obscure et nébuleuse pour ces Américains "à la peau jaune, aux cheveux noirs et aux yeux bridés". Obligés qu'ils sont, désormais, d'afficher d'être de fidèles et loyaux Américains, de plaider allégeance, obéissance, etc. Chez cette famille, dont le père avait déjà été emmené par des agents du FBI dans un camp au Texas, cette "concentration" est rude, injuste dans le fond, mais la rancoeur se doit d'être conservée dans le secret, ou simplement refoulée. Car le temps passe, la guerre n'en finit pas, mais même au moment de la "libération", les heures resteront dures : le retour chez soi, le sentiment d'être étrangers, d'avoir le visage de l'ennemi..."Quand l'empereur était un dieu" est un roman mais son histoire est réelle et reprend ce chapitre peu glorieux (encore un !) de l'Histoire Américaine. Le tout est narré un peu froidement et de façon impersonnelle - on parle d'un homme, d'une femme ou d'une mère, d'un garçon, d'une fille, jamais de prénom, ou alors pour des personnages de passage, très secondaires. Ce ton laconique plombe la lecture et donne un goût amer, un peu glauque et aussi poisseux que devait être l'air irrespirable du désert de l'Utah - trop poussiéreux.
Phébus, 179 pages
Phébus, 179 pages
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