11 juillet 2006

Jennifer Johnston

Ceci n'est pas un roman - Jennifer Johnston

Joli pied de nez, ce titre ! Car oui, le dernier livre de Jennifer Johnston est bel et bien un roman. Une histoire touchante d'une famille qui cache des secrets : il y a trente ans, Imogen apprenait la mort de son frère Johnny, porté disparu après être parti nager en mer. Imogen a dix-huit ans, son frère vingt. C'était un nageur émérite, d'où le refus catégorique d'Imogen de croire à cette disparition tragique. Noyé, lui ?..La jeune fille séjourne dans une clinique depuis plusieurs mois, d'abord parce qu'elle a perdu sa voix et qu'on pense à un déséquilibre mental. Pourtant elle n'est pas folle. Certes, elle pense que son frère s'est enfui et vit quelque part, caché. Et trente années vont passer, Imogen va écrire l'histoire de sa famille, fouiller dans les souvenirs, trouver des lettres d'une arrière-grand-mère qui ne s'est jamais remise de la mort de son fils pendant la guerre, lire le journal de son père, et se rappeler de cette année 1970 où tout a basculé : Johnny qui refuse de poursuivre son entraînement de natation, son ami allemand Bruno qui joue un rôle ambigu, sa mère Sylvia et la mystérieuse mais aimante Mathilde. Le roman va donc se construire comme un puzzle, on y découvre les acteurs de cette tragédie familiale jusqu'au dénouement dans les dernières pages. L'auteur prend son temps, passe du passé au présent et conclue sur un hypothétique avenir. La tournure générale est grandissime, captivante et envoûte littéralement son lecteur. Rapide et divertissant. J'avais très envie de découvrir cette auteur, je ne suis pas déçue !

Un Noël blanc - Jennifer Johnston

Constance Keating est une héroïne attendrissante par son entêtement, son cynisme et sa légèreté. Elle a quarante-cinq ans, vient de rentrer à Dublin pour y mourir en paix dans la maison de son père. Au commencement du roman, elle envoie une lettre à Jacob Weinberg, écrivain perdu dans le monde, père de sa petite fille. Elle lui demande de venir la chercher.La suite, c'est un peu la valse des souvenirs, entre l'enfance, la jeune fille qui grandit et souhaite s'émanciper, partir hors d'Irlande, devenir écrivain. En Italie, elle rencontre l'amour. Seule, elle donnera naissance à son enfant, malgré la désapprobation de sa famille. Laquelle s'étiole au fur et à mesure. Seule sa soeur Bibi se dresse aujourd'hui comme un rempart. Décidée d'envoyer sa soeur se faire soigner à l'hôpital, la houspillant de son obstination. Mais Constance est résolue, trouvant du soutien auprès de son fidèle et dévoué ami Bill, également médecin, et d'une jeune orpheline, Bridie May.Comme dans "Petite musique des adieux", j'ai retrouvé dans "Un Noël blanc" la même chaleur du cocon dans lequel une femme meurtrie s'enferme, épaulée par l'amitié d'un homme, amoureux repoussé. Constance se noie dans sa maladie, se voue à sa mort et écrit ses derniers souvenirs qui affluent. L'apparition du fantôme de sa mère complète ce kaléidoscope de la mémoire. C'est tout bonnement ardent, émouvant et vibrant. Constance est impossible et butée, mais son combat la rend si passionnante. J'ai une nouvelle fois beaucoup aimé cette lecture de Jennifer Johnston, auteur que j'affectionne définitivement. A conseiller vivement.
265 pages

Petite musique des adieux - Jennifer Johnston
Ce roman est pour moi un coup de coeur ! Je l'ai lu comme certains gobent un oeuf, pas le temps de le poser pour dormir un peu, non j'ai tenu à le lire jusqu'au bout, incapable de le lâcher ! C'est rare quand cela arrive, donc intéressant de le signaler ! J'ai franchement aimé ce roman de Jennifer Johnston, dont j'avais déjà lu et apprécié le récent "Ceci n'est pas un roman". Mais "Petite musique des adieux" est de loin plus épatant et poignant ! D'ailleurs, je lui préfère son titre original : "The gingerbread woman" dont on comprend davantage la signification en lisant l'histoire. Celle-ci se résume à ceci : une femme et un homme se rencontrent au bord d'une falaise, ils sont tous les deux au bord de la rupture. Clara a une cicatrice au ventre, Lar a la haine au creux de ses entrailles. Leurs histoires respectives ne se ressemblent pas, elles ont juste en commun de leur renvoyer une image de leur chagrin, de leur désarroi et de leur mine pathétique. Pas joli miroir, qu'on repousse, qu'on prend avec cynisme ou humour noir... Au choix. Bref, ces deux-là peuvent s'entre-aider, s'ils le veulent et s'ils y arrivent, à force d'écoutes ou de paroles.
Je ne peux dévoiler davantage des causes du chagrin des ces deux protagonistes, cela briserait le mystère et la magie du roman. Pour ma part, j'ai tourné les pages avec curiosité pour justement en savoir plus sur eux. Cela contribue à l'addiction ! S'ajoute aussi la puissance littéraire de l'auteur, puis le cadre semi-idyllique de Dublin et de l'Irlande en général. Moi, j'aime ces paysages "bucoliques" et les maisons isolées, ravagées par les coups de vent et les averses de pluie. En finissant de lire ce livre (à contre-coeur), j'ai envie de me jeter sur un roman d'Edna O'Brien ou d'Angela Huth (non, cette dernière n'est pas irlandaise, je précise). En bref, j'ai un coup de coeur et cette "Petite musique des adieux" va demeurer pour moi une très belle mélodie, "une magnifique composition à deux voix" et je souhaite encore de belles rencontres de la sorte !


My PlayList
BestAudioCodes.com