11 juin 2006

L'hypnotisme à la portée de tous - Marie Nimier

Après un démarrage en fanfare, j'ai vite perdu de l'intérêt pour ce quatrième roman de Marie Nimier. J'ai lu beaucoup mieux d'elle, "Sirène" par exemple. Dans cette histoire, on s'attache à une jeune fille, Cora, dix ans, qui découvre un manuel d'hypnotisme "à la portée de tous" dans les toilettes d'une maison louée pour les vacances. L'enfant cache sa trouvaille, se fascine par cette théorie et décide de lire le livre jusqu'à ses dix-huit ans. Après des premiers exercices convaincants mais équivoques, Cora va tout de même réussir à guérir son oncle Paul, fort malade, d'un mystérieux syndrome. Le rapport qu'elle tisse avec celui-ci devient d'ailleurs très ambigu, poussant presque à l'inceste ! C'est vers ce passage que j'ai passablement égaré mon intérêt... Car le livre raconte également l'éducation sentimentale de la jeune fille. A seize ans, elle rencontre Katz, le Roi de l'Hypnose. Elle comptera les jours qui la séparent de sa majorité pour le rejoindre en tournée et devenir son assistante. Mais aussi, il y a Léo, le prof de gymnastique. Troublant, troublé, ce dernier aussi est sous le coup de l'hypnose face au charme dévastateur de la jeune fille. C'est impondérable, faut-il le croire ? J'ai failli pousser des cris d'exaspération tellement l'histoire exagérait. Je suis donc déçue et j'ai fini la lecture carrément en diagonale. C'est vrai, cependant, qu'il y a beaucoup d'humour et de second degré dans l'ensemble, mais cela n'empêche... Trop décalé, finalement décevant.

Collection Blanche chez Gallimard / ou format poche en Folio.

Eté indien - Jens Christian Grondahl

Gustav vient de mourir, son meilleur ami (le narrateur, August) rencontre Alma, sa veuve. Elle fut également son ancien amour, une beauté parfaite et bourgeoise qui avait subjugué le jeune romancier de l'époque. Or, Alma a trompé August en le quittant pour Gustav. Mais lui, après tout, n'a pas semblé touché, marqué, car il semblait s'y attendre. En revoyant donc Alma après tant d'années, il se rappelle et est submergé par ces vagues de pensées nostalgiques qui font l'histoire du roman.Mais cela pêche. Cela manque de chaleur, de preuve vivante qu'on nous raconte une histoire, bel et bien ! Je n'ai pas su trouver la flamme, celle qui m'avait beaucoup plu dans "Bruits du coeur" par exemple. Ici, les personnages, aussi touchants qu'incapables d'effusions, s'acharnent à retrouver le passé et à le surmonter pour demeurer vivants, coûte que coûte. Mais ils n'y arrivent pas. Entre amertume, remords ou regret, on se demande franchement qu'est-ce qui anime tout ce petit monde. Tout glisse, tout lasse et ennuie. J'ai été déçue. Par contre, l'écriture de Grondalh demeure élégante, classique mais un peu impénétrable.

Le serpent à plumes, 172 pages

Le secret - Anna Enquist

Cette histoire est en somme un brillant concerto joué d'une voix mélancolique et un peu glaciale. S'entrecroisent plusieurs moments de la vie de la pianiste Dora Dierks, depuis sa naissance en 1933, à son enfance, adolescence et vie de femme. Glisse aussi un présent énigmatique avec la livraison d'un piano chez une femme vieillissante et mangée par la maladie. Ainsi que le parcours d'un homme, Bau Kraggenburg, qui décide de rendre visite à sa première épouse, ladite Dora !

Bref, à travers le voyage dans le temps de la vie de la pianiste, on découvre le chemin d'une enfant marquée par un professeur de piano, M. De Léon, attentif et bienveillant et qui décidera de l'avenir de Dora, à savoir son grand amour de la musique. A tel point que, plus d'une fois, j'ai noté que celle-ci avait plus un piano à la place du coeur ! Les raisons pour son attitude froide, égoïste et fermée ? Un père absent, un frère mongolien, une mère mystérieuse, des années de guerre traumatisantes, un apprentissage musical totalitaire... La vie de Dora semble se vivre à côté de celle-ci, la jeune femme n'a sans cesse paru absente de son existence, indifférente, distraite ou distante.

Mon avis personnel sur ce livre, après le ressenti enthousiaste de Tatiana, est plus modéré. Je me sens assez amère par l'ambiance rigide et "frigide" du roman. Connaissant déjà le style littéraire d'Anna Enquist avec "Les porteurs de glace", je ne m'attendais pas à de l'exubérance folle ou exaltée. Par contre, j'ai lu "Le secret" comme un langage sourd murmuré à l'oreille. Certes, le contexte de la vie de Dora Dierks ne prête pas à sourire, (une vie dédiée à la musique, puis paralysée par la maladie) mais cela me conforte peu à m'enchanter de ce livre ! Je suis moyennement déçue, me suis sentie trop éloignée, plus spectatrice (indifférente) à ce drame - arrière fond sonore de Bach indispensable !

Babel, 231 pages


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